Blog océanique

Dans un monde où l’information est devenue une ressource stratégique, la désinformation orchestrée par des États étrangers s’impose comme un risque bien réel. Ce phénomène n’affecte pas seulement les institutions politiques ou les grandes entreprises, il perturbe également de manière insidieuse l’ensemble de l’écosystème économique dont celui des PME françaises. Cet article propose une analyse de ces mécanismes d’influence systémiques, leurs effets concrets sur les dirigeants, et les leviers d’action pour renforcer la résilience des organisations.

L’information, nouvel espace de confrontation économique

À l’ère numérique, les entreprises évoluent dans un environnement saturé d’informations, où se mêlent faits avérés, opinions, rumeurs et contenus manipulés. Les campagnes de désinformation déployées par certains États, si elles ne semblent pas toujours viser de cibles précises, finissent toujours par altérer l’environnement global dans lequel les entreprises évoluent. Ces perturbations peuvent affecter la perception des filières, la crédibilité des normes, la confiance envers des partenaires ou des technologies.

📌 À retenir : la désinformation systémique, générées par des États, n’est pas toujours clairement identifiable. Elle agit en brouillant les repères collectifs et en sapant la confiance.

Pourquoi votre entreprise est concernée ?

Les dirigeants de PME et d’ETI doivent prendre rapidement des décisions stratégiques, souvent sans cellule d’analyse dédiée. Lorsqu’ils s’appuient sur une information altérée, le risque de biais décisionnel augmente :

Décalage dans la compréhension d’un contexte réglementaire ou géopolitique

• Retard d’investissement lié à des craintes infondées.
• Perte de confiance dans un marché ou un partenaire.

Ou encore :

• Une PME du textile peut voir sa chaîne d’approvisionnement remise en cause par des rumeurs sur l’origine de ses matières premières.
• Un acteur industriel peut douter d’une technologie, d’un label ou d’un fournisseur étranger à la suite de la diffusion de fausses alertes.
• Un investissement peut être retardé à la suite d’une incertitude savamment entretenue sur la fiscalité d’un marché ou d’un pays.

Des mécanismes d’influence discrets, mais redoutables !

Ces attaques ne ressemblent pas à des cyberattaques classiques. Elles passent par des canaux diffus : publications virales sur les réseaux sociaux, articles biaisés, documents falsifiés, vidéos trompeuses, sites qui imitent des médias fiables.

Et quand elles visent un secteur entier – comme cela a été le cas pour les technologies 5G ou les filières de transition écologique – ce sont des chaînes de valeur entières qui vacillent. La perception change, la méfiance s’installe, les décisions stratégiques sont retardées.

Leur puissance repose sur trois ressorts :

• La répétition : qui installe une idée fausse comme vérité apparente ;
• L’amplification : via les réseaux sociaux, groupes privés ou moteurs de recherche ;
• La confusion : par juxtaposition de contenus contradictoires ou flous.

🎯Résultat : perte de discernement, hésitation stratégique, repli défensif.

Des impacts concrets sur les organisations !

Le dirigeant de PME, souvent seul face à l’information, est particulièrement exposé. Lorsqu’il doute, il reporte. Lorsqu’il est incertain, il retarde. Et lorsqu’il est exposé à des signaux contradictoires, il peut perdre confiance dans son écosystème.

La désinformation pèse sur ses choix d’investissement, sur les relations fournisseurs, sur la capacité à innover. Elle fragilise aussi la cohésion interne : salariés démoralisés, débats tendus autour de l’actualité, climat anxiogène, ses effets sont amplifiés en période de crise… Ce n’est pas seulement un sujet théorique : c’est un risque RH, managérial, stratégique.

📊 Selon le rapport du Forum de Davos 2025, la désinformation est désormais identifiée comme un risque majeur pour la stabilité économique.

Décisions stratégiques biaisées !

Les chefs d’entreprise, s’ils sont exposés à des contenus trompeurs :

• peuvent remettre en question la fiabilité de certains marchés ou partenaires étrangers ;
• réduire ou reporter des investissements (ex. : crainte exagérée d’instabilité politique dans un pays fournisseur) ;
• subir une pression indirecte sur leurs choix d’innovation ou d’approvisionnement (désinformation sur certaines technologies, normes ou matériaux).

💡Le rapport No reward without risk : addressing the economic impacts of misinformation and other digital harms on MSMEs publié par DAI Global en février 2023, révélait que près de la moitié des PME interrogées durant la crise COVID ont été affectées par des rumeurs ou infos erronées influençant leurs ventes et relations clients.

Altération de la perception des risques !

Une désinformation bien ciblée peut créer un climat d’inquiétude et d’incertitude généralisé :

• sur des sujets sensibles (cybersécurité, nouvelles réglementations, fiscalité, transition énergétique) ;
• en amplifiant les craintes économiques (inflation, crise énergétique, faillites bancaires, etc.), entraînant des décisions de gestion défensives ;
• en rendant plus difficile la distinction du vrai du faux dans un flot d’information toujours plus important.

Atteintes à la réputation ou au secteur d’activité.

Certaines campagnes visent des secteurs entiers : textile, agroalimentaire, technologies, recyclage…

• Les campagnes d’influence étrangère peuvent dégrader la confiance des clients ou partenaires.
• Elles peuvent détourner l’attention des innovations françaises ou européennes vers des solutions étrangères promues abusivement comme plus « fiables » ou « éthiques ».
• L’étude sur les disruptions de chaînes d’approvisionnement mentionne explicitement que la désinformation peut provoquer des ruptures opérationnelles, affectant l’activité des entreprises, y compris les plus petites.

💡Cette désinformation peut avoir lieu en France comme sur les marchés étrangers adressés par les entreprises françaises. Une campagne de désinformation amenant au délitement de la société française, conduite en France, peut avoir autant d’impact sur l’entrepreneur français que sur l’entrepreneur étranger souhaitant investir en France, nouer des partenariat avec des entreprises françaises ou recevoir des investissements français dans son pays. Voir l’interview de Jade Dousselin, avocate au barreau de Paris, sur lhémycle.com – 10 février 2025.

Quand serais-je attaqué ?

L’ampleur des campagnes et les moyens mis en jeu par les nations prédatrices rendent la probabilité d’être victime de manière indirecte très élevée. La question est donc de savoir quand son entreprise devra faire face aux conséquences d’une désinformation, si ce n’est pas déjà le cas. L’appréhension qui naît de cette incertitude grandit au point que cela devienne la première des inquiétudes.

💡Selon le rapport du Forum de Davos 2025, la désinformation figure aujourd’hui parmi les principaux risques identifiés par les décideurs économiques à l’échelle mondiale.

Et mes collaborateurs ?

La santé mentale, l’engagement et la loyauté des collaborateurs peuvent être affectés par l’exposition constante à la désinformation. Cela peut conduire à :

• Un climat social dégradé
• Une fragilisation de la cohésion
• Des risques psychosociaux accrus

💡Voir l’article Quels sont les impacts de la désinformation? de Philippe Couture, publié sur Science Presse le 15 septembre 2020.

Suis-je vraiment vulnérable ?

L’efficacité des campagnes de désinformation est telle que toutes les strates de l’économie française peuvent être impactées.

• La désinformation peut provenir de toutes parts. Il n’est pas rare de voir des personnes ou organisations dites de référence reconnaître des erreurs et publier des correctifs.
• Les entreprises et sociétés ne disposent pas toujours des moyens internes et des armes pour vérifier la fiabilité de toutes les informations qu’ils reçoivent.

Comment réagir ? Trois leviers d’action immédiats

Pour renforcer la résilience de son entreprise face à la désinformation, 3 leviers d’actions immédiats sont envisageables :

• Mettre en place une veille informationnelle active et structurée sur tous les sujets concernant directement l’entreprise !
• Former les dirigeants et les cadres à la lecture critique et à l’analyse des sources !
• Mobiliser les réseaux professionnels fiables pour croiser les perspectives et partager les signaux faibles !

💡Une étude publiée dans PNAS (Porter & Wood, 2021), basée sur des expérimentations menées dans quatre pays (Argentine, Nigeria, Afrique du Sud, Royaume-Uni), démontre que le fact-checking réduit efficacement et durablement les fausses croyances liées à la désinformation. Ces résultats confirment que des dispositifs simples, comme l’intégration de mécanismes de vérification ou de veille informationnelle, peuvent renforcer la résilience des dirigeants face aux infox circulant sur des sujets économiques, sanitaires ou politiques.

Ce que 2 Océans peut vous apporter

Chez 2 Océans, nous aidons les dirigeants à identifier et comprendre leurs vulnérabilités, puis à faire face à ces risques invisibles. Veille informationnelle, diagnostic de vulnérabilité, formation à la lecture critique : nous plaçons l’intelligence économique au service de votre solidité.

📩Vous dirigez une PME, une ETI, ou un réseau d’acteurs locaux ? Parlons-en ! Contactez-nous pour un diagnostic personnalisé.